Je t'aimais autant que les autres, c'est à dire plus fort que je n'ai aimé la plupart des autres de mon espèce. Tu avais ton caractère à toi, tu étais drôle, vive, curieuse, très très intelligente, mais aussi bornée, chiante, princesse plaintive, et lunatique. Une vraie palette de traits de caractère qui te rendaient intéressante et tellement attachante ! Tu dramatisais tout : le moindre morceau de potatoes te faisait courir partout comme si tu venais de gagner le gros lot, si je te gardais dans mes mains plus de deux secondes tu jouais à la fille blasée, te sortir de ta cage quand tu avais décidé que ce n'était pas ton envie du moment, c'était se risquer à t'entendre piailler comme si je m'amusais à t'arracher des lambeaux de peau à la pince à épiler, et parfois, sans crier gare, tu t'approchais timidement de moi, me donnais un coup de museau sur la cuisse avant de monter sur moi et te caler contre mon ventre ou au creux de mon cou, à creucreuter à la moindre caresse derrière les oreilles.

Ton poil était le plus doux qu'aucun(e) autre n'ai jamais eu, je pouvais m'endormir le nez dans tes flancs lorsque tu te calais contre mon visage pendant mes siestes sur le canapé. Je me souviens que dans ces moment-là, j'entendais ta respiration pourtant si discrète, et elle m'apaisait. Ta chaleur réchauffait le bout de mon nez toujours un peu froid, et tes bâillements arrivaient à me faire bailler à mon tour. On était bien toutes les deux, juste toutes les deux, à cette époque qui me paraît si lointaine, celle où j'essayais d'apprendre à te connaître et à te prouver mes bonnes intentions. Tu étais curieuse mais tu ne connaissais pas beaucoup l'homme en arrivant à la maison, tu avais toutes les raisons de te méfier de l'inconnu, et pourtant, tu m'as fait confiance plus vite que je ne pouvais l'espérer. Et pour ça je te dis merci. Ça a été un immense bonheur que de partager tout ça avec toi, même si ce fut trop court.

Aujourd'hui, tu es partie rejoindre tes bébés. Tu n'avais pas encore dix mois mais tu es partie de l'autre côté.

Si tu savais comme je m'en veux, de t'avoir mise dans cette position, de t'avoir imposé toutes ces épreuves, d'être responsable de toute cette douleur, de tout ce mal-être, de t'avoir poussée à ce point à bout. Je n'arrive pas à imaginer ce que tu as pu (re)sentir pour en arriver à te tuer toute seule et volontairement : je ne savais même pas qu'il était possible pour un animal que de se donner lui-même la mort. Encore une nouvelle chose que tu m'auras apprise, comme quoi : tu n'étais pas n'importe qui. Même dans la mort, tu sais remettre en question tout ce que j'ai toujours cru savoir.

Je n'arrête pas de pleurer. Tu me manques déjà tellement !

Je regarde tes copines et tout ce que je constate, c'est que Janis reste seule depuis 5 jours que tu as quitté votre maison pour rejoindre ta chambre de maternité. Cinq jours, et elle attend toujours que tu reviennes. Tu étais son amie, vous étiez toujours fourrées ensemble, de vraies siamoises, vous formiez un super duo. Et je suis là, devant chez vous, et je ne sais même pas comment lui faire comprendre que tu ne reviendras pas.

Je pleure et elle me regarde depuis sa spoutnik, alors qu'elle a plutôt l'habitude de se jeter sur les grilles à mon approche, comme tu le faisais. Ce soir, elle me regarde de loin. Je me demande si elle a compris.

Et je continue de me flageller pour tout. Qu'as-tu pensé, quand je t'ai laissée là bas ? Je ne t'ai même pas dit aurevoir, je n'imaginais même pas une seconde que je pourrais ne jamais te revoir. J'étais si persuadée que tu t'en sortirais comme une reine, et tu l'as fait. Puis tu t'es tuée. Et je n'étais pas là quand tu as perdu tous tes points de repère dans cette clinique, je n'étais pas là non plus quand tu t'es réveillé de cette opération, je n'étais toujours pas là vingt-quatre heures plus tard, ni quand tu as décidé de t'éventrer, attendant sagement dans le confort de mon salon le feu vert des docteurs pour pouvoir revenir te chercher. Mais toi, qu'as-tu pensé, qu'as-tu ressenti ? Tu as du te sentir si seule : tu as perdu tes bébés, as souffert d'une mise bas mal engagée pendant de longues heures, as subi une stérilisation et une césarienne, t'es réveillée seule, dans un endroit où aucune odeur, aucun son, ne t'étaient familier. Et je ne revenais pas te chercher.

Mon Dieu mais quelle horrible maîtresse je fais ! Je suis tellement désolée petite Jenna, si tu savais ! Je ne me pardonnerai jamais tout ce qui t'est arrivé. Tu ne méritais rien de ça, vraiment. C'est si injuste et si cruel !

J'espère de tout coeur que tu es soulagée de toute cette douleur, maintenant. Je t'imagine en train de jouer avec tes bébés, de te reposer près d'eux, en leur offrant ta chaleur. Je t'imagine en train de courir et de grimper partout, tout ça juste pour un morceau de friture de la taille d'un grain de riz. Bien au chaud. Bien repue. Légère et sans aucune douleur, jamais, nulle part.

C'est tout ce que je te souhaite : être bien là où tu es, comme ultime récompense à toutes ces épreuves.

Mille pardon mon amour, je ne m'arrêterai jamais d'espérer ton pardon. Adieu. Je prendrai soin de tes amies, je te le promets.
Sandra
24/2/2013 08:08:38 pm

J'ai ressenti la même chose lorsque j'ai failli perdre Calliopé pour les mêmes raisons, pourquoi je lui ai fait subir tout ça, tout est de ma faute, et je m'en veux encore pour tout ce qu'elle a enduré.
J'ai eu la chance de pouvoir la récupérer alors qu'elle n'était pas encore totalement réveillé pour la pouvoir la remettre près des petits restant et veillez sur elle pour la réconforter, et j'ai eu énormément de chance qu'elle se remette de tout ça.
Je suis tellement désolé que tu n'es pas eu cette chance et je comprend tout ce que tu ressens, s'en vouloir et espérer qu'elle ne t'en ai pas voulu, j'ai ressentit ça à chaque décès de mes loulous, avoir l'impression de n'avoir pas fait assez pour eux...
Tu as fait ce que tu as pu dans cette histoire et ce qui m'étonne surtout c'est que le vétérinaire n'ai pas pris plus de précautions pour que ça n'arrive pas...
Je ne peux que te souhaiter du courage, plein de courage, et qu'elle et ses petits reposent en paix...

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24/2/2013 08:53:41 pm

On ne se connait pas, mais on a une même passion. Je suis vraiment désolé pour toi, car j'imagine la douleur que sa a du être... Les choses ne se passent pas toujours comme on le veut, c'est là qu'on voit a quel point tout peut changer en un instant et à quel point sa fait peur.
Je n'ai pas eu encore le cas et touche du bois pour ne pas l'avoir, mais c'est une dure épreuve qui nous touche au plus profond du cœur. Vraiment courage à toi, et même si tu était à l'origine de tout sa, si nous avions vraiment tous les pouvoirs sur nos rats, je sais que rien ne se serais passé comme sa, n'importe qu'elle personne ne souhaiterait pas sa à ta loute et ses petits
RIP à eux, ils seront bien ensemble là haut, et courage à toi!

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100drine
24/2/2013 09:21:24 pm

Oh mon dieu je suis bouleversé, ta tristesse, ta peine si profonde est aussi mienne..des millions de pensées t'accompagnent pour ce si douloureux moment, des tonnes de courage pour un retour au mieux être de toi..les copines de jolie Jenna sont là pour toi..
Reposez en paix maman et Bébés.

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